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La BD et les services de renseignement

28 mai 2021

La spécificité de la BD comme support du discours sur le renseignement

L’espionnage dans la fiction :

L’univers du secret suscite une grande fascination pour un large public. L’espionnage, à travers ses secrets militaires, diplomatiques ou encore économiques, capte l’attention et éveille la curiosité d’une large partie de la population. L’obscurité et les mystères entourant les activités des services secrets et des services de renseignements nourrissent l’univers fictionnel et fantasmé de l’espion. Dès lors, les agents ou encore les informateurs occupent une place importante dans le cinéma, la télévision, les jeux vidéo ou encore la littérature.

C’est au travers du monde de la bande dessinée que le thème de l’espionnage semble avoir un écho particulier pour le public, qui peut alors obtenir des représentations du monde du secret et du clandestin. Le support de la Bande Dessinée permet ainsi la transcription fictionnelle des activités liées au monde du renseignement.

 

Intérêts de la Bande Dessinée :

  • L'intrigue à travers une histoire

Grâce à l’utilisation du support de la bande dessinée, l’auteur de fiction d’espionnage n’est pas tenu de se cantonner à la réalité des faits, mais il peut s’autoriser certains écarts. En effet, pour susciter l’intrigue du lecteur, l’auteur peut jouer avec l’histoire ou encore l’interpréter afin de créer un scénario intrigant et captivant.

L’auteur peut donc laisser libre court à sa créativité pour façonner le vraisemblable et publier une intrigue crédible. Dès lors, la fiction véhicule un certain imaginaire de l’espion. En effet, le monde du renseignement est souvent mis en scène par les auteurs à travers la figure de l’espion ou de contre-espion dans les bandes dessinées.

 

  • Une fonction pédagogique

Le support spécifique de la Bande Dessinée permet au public, de manière divertissante, de pénétrer dans le monde du secret et d’y découvrir des lieux et des époques spécifiques. Les auteurs, dans leurs œuvres, font souvent se côtoyer la fiction et la Grande Histoire.  Le lecteur, souvent non-initié au monde du secret, peut alors se représenter les pratiques et les codes de cet univers fascinant.

La fiction permet alors au public de se représenter ce monde du secret qui demeure étranger et mystérieux. Le support de la Bande Dessinée fournit donc aux auteurs un moyen efficace pour transmettre leur vision du monde du secret. A travers les représentations graphiques des personnages, des lieux ou encore des gadgets dans les bandes dessinées, le public se saisit des questions relatives au monde des services secrets.

 

  • Un message politique

Ce jeu de l’auteur avec le réel lui permet de délivrer un message politique ou idéologique. En effet, à travers les couleurs utilisées, les dessins des personnages ou encore les mises en scènes, l’auteur peut livrer son interprétation du monde du secret et faire part de sa critique face au sujet évoqué. 

 

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27 mai 2021

Disgression : bref retour sur le rôle des services de renseignement durant la Première Guerre mondiale

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La croix des Cazenac est l’histoire d’une famille d’espion durant la première Guerre Mondiale, où chacun tente de tirer son épingle du jeu. Cette bande dessinée retrace les différents événements marquant de la Guerre froide. Plus précisément, les deux premiers tomes sont rythmés par l’attentat de Sarajevo et la révolution d’Octobre en Russie. Afin de remettre cette bande dessinée en perspective avec le contexte historique qu’elle aborde, il convient dans un premier temps de faire un bref état des lieux du renseignement pendant la première guerre mondiale.

S’il est difficile d’avoir accès à des données du côtés français, on sait que la Belgique aurait fournie entre 6000 et 7000 espions aux Alliés.

La première guerre mondiale a été un moment clé dans l’histoire du renseignement. Cependant, au début du conflit, les services d’espionnage ont eu à vaincre les réticences des états-majors. Ce n’est que par la suite qu’ils ont été considérés comme indispensables.

Les services de renseignements ont en effet permis d’obtenir des informations sur les plans de l’ennemi afin de pouvoir anticiper ses attaques, et ainsi obtenir un avantage. Cependant, lors de la Grande Guerre, la plupart des pays ont privilégié le développement militaire, au détriment des renseignements, ce qui a pu leur être défavorable. Un exemple éloquent est illustré dans cette planche de la « La Croix de Cazenac ». En effet, en 1914, les Allemands interceptaient les ordres qui étaient donnés à l’armée russe par radio. Cela explique en partie la défaite russe à Tannenberg dans les premières semaines du conflit.

27 mai 2021

La croix de Cazenac - Le personnage de Louise

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Le personnage de Louise, dont on ne connait pas le vrai nom est intéressant à étudier. Dans le premier et le second tome, elle a une place centrale dans le déroulé de l’histoire. En effet, c’est une espionne française qui est rodée et est habituée des missions à risque. Dans cette planche par exemple, elle se fait passer pour une infirmière afin d’éliminer le médecin qu’elle traque depuis plusieurs semaines. Elle prend le leadership, on le voit notamment dans son injonction « Ecartez- vous Etienne ! Je n’ai pas le temps » ou elle emploi un ton sévère et dominant, ce qui n’est pas habituelle pour une femme à cette époque. Tout au long de l’histoire, son personnage est courageux, elle est très débrouillarde et elle se dresse comme mentor d’Etienne, apprenti espion. Toujours dans cette planche, elle a un pistolet et n’hésite pas à tirer dans le but d’éliminer son ennemi.

Pendant la Première Guerre mondiale, on découvre un nouveau rôle de la femme, qui ne sont plus seulement sollicitées pour les travaux à l’arrière ou en tant qu’infirmière. En effet, à partir de 1915, des nombreuses femmes ont joué un rôle clé au sein des services de renseignement, notamment en effectuant un travail d’espionnage dans les territoires occupés ou dans les milieux interlopes. Les espionnes étaient très souvent employées comme infirmière, ou se faisaient passer pour des prostitués. Elles étaient recrutées pour la fourniture d’informations, notamment auprès des blessés sur les champs de bataille. Ainsi, si les rôles des femmes au sein des services de renseignement est non négligeable pendant la Grande Guerre, Le personnage de Louise, pistolet à la main et prête à tirer, est romancé et peu réaliste.

27 mai 2021

La représentation des services de renseignements pendant la seconde guerre mondiale

La seconde guerre mondiale est une période particulièrement propice à la représentation des services secrets. De nombreux espions se sont infiltrés dans chaque camps, afin d'obtenir des informations sur l'ennemi, ce qui nourrit un réel imaginaire autour du monde du secret. Il s'agit d'une époque assez facile à représenter au sein de bandes-dessinées. L'Allemagne nazie est souvent dépeinte à travers de nombreux symboles comme l'aigle allemand ou la svastika. Les couleurs sont caractéristiques de la fracture est/ouest avec une prédominance du bleu pour représenter les forces alliées quand le rouge, l'or et le noir sont davantage utilisées pour caractériser le régime hitlérien. Notre analysera se fondera sur un corpus de deux bandes-dessinées: «Opération Marmara» premier tome des Sir Arthur Benton et «Le cas Alan Turing». «Opération Marmara» est très intéressante en ce qu'elle a été réalisée grâce aux témoignages d'anciens agents du renseignements. «Le cas Alan Turing» est une bande-dessinée biographique qui met en évidence la bataille technologique que se livraient les différents services de renseignement. Notre corpus est ainsi composé de bandes-dessinées empreintes d'un vrai soucis de réalisme, ce qui ne les empêche pas de fournir un message et une vision du travail des espions durant la seconde guerre mondiale.

27 mai 2021

«Opération Marmara» : Plongeon au cœur d'une bande dessinée inspirée par des témoignages d'espions

«Sir Arthur Benton» est une série de bande dessinée réalisée par Tarek et Stephane Perger organisée en deux cycles: L'un est consacré à la période 1930-45, l'autre aux débuts de la guerre froide. Nous pouvons y suivre les aventures de Arthur Benton, citoyen et espion britannique soutenant le mouvement nazi. Nous nous attarderons ici plus particulièrement sur le tome 1 du cycle 1, «Opération Marmara». Ce premier tome est consacré à l'arrivée du NSDAP et de Hitler au pouvoir en Allemagne. Les thèmes principaux de cette bande dessinée sont la fin de la république de Weimar, les répercussions de plus en plus violentes envers la population juive ainsi que la lutte contre les communistes allemands. De nombreux services de renseignements sont au cœur du récit, notamment le MI6, l'Abwehr et le 2e bureau. Cette bande-dessinée a été réalisée avec à partir de témoignages d'anciens agents du renseignements ayant joués des rôles clefs dans le dénouement de la seconde guerre mondiale.

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Cette planche de «Opération Marmara» est très intéressante à analyser et met en scène deux espions britanniques en mission au sein de l'Allemagne hitlérienne. Les personnages ont des traits durs, caractéristiques de la difficulté de leur métier et de leurs conditions de vie d'espion. Les couleurs principales de la planche sont l'or, le noir et le rouge, couleurs symboliques de l'Allemagne. Les dialogues sont relativement courts, caractéristiques d'une discussion entre deux agents des renseignements, qui se doit concise, claire et précise. On y observe deux agents britanniques s'échanger des informations à propos du réseau de monsieur de Mr Arthur Benton, celui-ci s'étant rallié à l'idéologie nazie depuis qu'il y voit la seule manière d'y combattre le communisme, qu'il considère comme un plus grand mal. Cette planche met en évidence des vrais préoccupations d'agents des services secrets, s'appuyant sur le témoignages de plusieurs espions français et britanniques. Tout d'abord, nous pouvons remarquer, au début de la planche un dialogue intéressant, notamment lorsque le premier agent affirme être surpris par l'interrogatoire qu'a mené son collègue car «D'habitude, les méthodes SS sont plus radicales et moins psychologiques». Cette conversation met en évidence une préoccupation importante des espions ayant infiltré le régime nazi : Ils doivent adapter leurs comportements à ceux des SS, afin de ne pas être reconnu. Cela signifie donc passer outre certaines valeurs et parfois assister, voire participer à la torture de personnes de leur propre camp. Cette planche nous plonge complètement dans l'univers de l’espionnage de la seconde guerre mondiale en ce qu'il est question de différents réseaux de renseignements. On y observe la mention d'espions allemands envoyés en Angleterre qui croient participer aux desseins du régime nazi, alors qu'ils ne servent que d'appâts afin de démanteler ces mêmes réseaux. Enfin, l'illustration du brassard allemand, que l'un des espions britanniques s'empresse de jeter est particulièrement évocatrice. On retrouve ici l'intérêt d'une bande dessinée par rapport à un roman ou une nouvelle. Le message ne passe pas à travers des mots mais à travers des images, que tout public comprend. La puissance du message s'en retrouve décuplée. La toute dernière case, avec différents brassards du régime allemand au sol illustre le mépris des agents britannique pour cette doctrine mortifère que fut le nazisme. Cette pensée se retrouve à terre, dominée par l'agent britannique, en hauteur.

Cette bande dessinée fournit ainsi une vision du travail des services secrets britanniques opérant sous couverture au sein du Troisième Reich, s'appuyant sur des témoignages authentiques. Les choix des dialogues mais également les choix picturaux et iconographiques participent à la transmission d'un message et d'une représentation du monde du secret.



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27 mai 2021

«Le cas Alan Turing»: Quand la biographie se met au service de la représentation des services secrets

«Le cas Alan Turing» est une bande dessiné réalisée par Eric Liberge et Arnaud Delalande et retrace la vie d'Alan Turing, père fondateur de l'informatique grâce à l'invention de la «machine de Turing» et décrypteur de la machine Enigma. Ainsi, les services de renseignements ne sont pas l'objet principal de la bande-dessinée, qui s'attache davantage, à travers de nombreux flash-back, à raconter la vie de cet mathématicien de génie. Néanmoins, à travers le décryptage de la machine enigma, nous sommes plongés dans l'univers de l'espionnage durant la guerre froide.

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Les couleurs sont assez froides, dans les tons bleutés, ce qui est assez caractéristique de la représentation des services secrets britanniques, français et ici en l’occurrence, américains. L'atmosphère qui se dégage de la bande-dessinée est assez tendue. On peut observer des gouttes qui perlent sur le front de certains personnages. L'enchaînement de nombreux dialogues participe à l'impression d'une situation de crise et d'effervescence inédite. De plus, certains mots en gras comme «il faut», «casse-tête» ou «Hitler» montrent l'urgence de la situation mais également les enjeux qui la caractérisent. On observe ainsi ici l'intérêt d'une bande-dessinée, par rapport à un autre support en ce que l'auteur peut jouer sur les choix de l'orthographe, la police et l'envie de mettre certains mots en gras pour souligner leur porté.Cette bande dessinée à portée biographique nous plonge ainsi dans la bataille technologique que se livre les deux camps. Il s'agissait d'un enjeu majeur pour les services de renseignements en ce que le décryptage de la machine Enigma permettrait d'intercepter les messages codés allemands. Une biographie se met ainsi au service de la représentation des services secrets. La mention de Hugh Alexander, de Stuart Milner-Barry ou de William Gordon Welchman est une manière intuitive d'induire du réalisme au sein de la bande dessinée. Ce choix du support afin de représenter une biographie est très intéressant et permet ici une représentation plus ludique de la bataille technologique que se livrait l'Allemagne contre les pays alliés.

 

14 mai 2021

La BD comme outil de propagande idéologique pendant la Guerre Froide

Loin de l’espionnage, la bande dessinée dans la Guerre Froide a également permis d'illustrer l’idéologie du bloc concerné, et de la rendre accessible à un large public : sensibilisation par la propagande dès l’enfance. Is this tomorrow : America under communism est la première bande dessinée à but de propagande anti-communiste, publiée en 1947. C’est une contre utopie montrant ce que seraient les Etats-Unis si le communisme s’emparait du pays. La majorité des numéros étaient distribués à la sortie des écoles et des usines, dans le but de toucher les masses. Une propagande peu camouflée est présente dès le début de l’ouvrage par un texte expliquant la dangerosité du communisme. Toutefois, cette bande dessinée, par son histoire, sert de propagande camouflée et indirecte. Toutefois, l’aspect très visuel, accessible, coloré, caricaturé de la bande dessinée, permet d’inclure dans les planches, des éléments de propagande direct, dans le but de contrôler les esprits. Le récit en tant que tel sert de propagande par l'héroïsation des Etats-Unis et la diabolisation de l’ennemi, dans une histoire apocalyptique. Après la Seconde Guerre Mondiale, une crise agricole provoque une famine et fait tomber des milliers d’agriculteurs dans la misère. Affaiblis, les Etats-Unis deviennent la cible du kremlin qui souhaite infiltrer les postes de contrôle du pays : médias, monde ouvrier, armée, endoctrinement des plus jeunes, meurtre des Hommes politiques...C’est le chaos qui est mis en avant pour dénoncer la brutalité du régime communiste.

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 La première planche de la BD est composée d’une case unique. Elle prend toute la largeur de la page et révèle l’importance de planter le décor. L’utilisation d’un plan général permet de  poser le décor, commencer l’histoire, présenter les personnages et introduire l’action. La cartouche en bas à gauche introduit les éléments dramaturgiques du récit : utilisation 3 fois des points de suspension pour montrer l’ampleur du chaos qui s’installe. On remarque également que même si ce sont les drapeaux soviétiques qui flottent sur le capitole de Washington, le seul drapeau arboré avec fierté est le drapeau américain, plus en avant dans le plan, pour lequel le peuple peut “tomber”. On assiste à une héroïsation d’une résistance américaine contre le communisme. Enfin, le contre plongée induit que le lecteur est aussi en bas des marches (donc au niveau des américains qui se font chasser du capitole), ils sentent donc l’oppression des armes et des communistes s'emparant du pouvoir.

14 mai 2021

Lady.S, analyse du métier d'espionne

Pour une étude différente de la bande dessinée d’espionnage en période de Guerre Froide, nous nous attarderons sur l’analyse de la bande dessinée Lady S., scénarisée par Jean Van Hamme et dessinée par Philippe Aymond. Cette BD met en scène un personnage féminin agent secret dont le passé familial la rattache au contexte de la Guerre Froide. Parue en 2004, cette BD est publiée post Guerre Froide, mais s’inscrit dans un contexte historique très documenté.

Lady S., de son nom d’espionne, est une fille de dissidents soviétiques éliminés sur ordre du parti. Shania, de son nom de naissance, apprend très vite à se débrouiller seule :  rapines, cambriolages et vols à la petite semaine constituent son quotidien de clandestine passée à l'ouest. A la mort de ses parents, elle est adpotée par James Fitzroy, un diplomate américain, pour lequel elle va devenir une femme de l’ombre pour les services de renseignement. C’est une série d'espionnage très réaliste, dont les intrigues sont très ancrées dans la géopolitique de l’époque. 

Analyse du tome 3 : 59° Latitude Nord : 

C’est l’hiver à Stockholm. Suzan y séjourne avec son père adoptif, ambassadeur itinérant en mission de remplacement de quelques semaines dans la capitale suédoise, pour assister à la cérémonie de remise des Nobels. 

A travers l’analyse de deux planches de BD, nous allons voir comment les illustrations permettent de révéler les émotions d’un personnage et leur capacité, en tant qu’espion, à ne pas révéler leur véritable identité. 

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Cette première planche de BD permet de poser d’importantes informations quant au personnage principal qu’est Lady S. Les deux dernières cases sont très éloquentes. La première, par l’illustration du nuage blanc, expression d’un silence,  permet de révéler à la fois l’ennuie et le soulagement de l’héroïne et ce, sans aucune parole : le vol de son sac aurait pu la mettre dans l’embarras car on ne sait pas s’il contient des documents secrets, ou des preuves de sa profession. Son plan de profil permet au lecteur de voir tous les traits de son visage et son expression faciale : même si l’homme lui parle (à noter,en plus un ton humoristique), Lady S. n’est concentrée que sur son sac et la vérification de ce qu’il comporte, cela se voit par son expression sérieuse. Toutefois l'enchaînement direct avec une case de vue d’ensemble, donc d’un dezoom sur les personnages, permet de montrer au lecteur que l’héroïne est revenue de ses pensées et continue la discussion comme si rien ne s’était passé : une bulle assez conséquente de conversation permet à l'héroïne de justifier l’inquiétude de ce vol : la perte de son passeport diplomatique. Enfin, la bulle finale de conversation, accordé à l’homme, est également révélatrice du choix du scénariste : briser les codes de l’espionnage archaïque : c’est une jeune femme qui est le personnage principal. Le scénariste invite le lecteur à revoir ses préjugés. Cet élément témoigne de la modernité de la bande dessinée. 

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Cette seconde planche de BD permet d’illustrer à la fois le rôle d’un espion, et l’importance de la maîtrise de ses réactions. En effet, au début de la planche, on ne voit que très peu l’héroïne représentée : ce sont des gros plans sur les actions, des gros plans sur son interlocuteur qui développe ses connaissances sur un sujet très précis. On ne voit que Lady S. dans une vue d’ensemble. Sa capacité d’écoute est révélée dès la quatrième case avec seulement un plan de dos : cela dénote son silence et son écoute. En tant qu’espionne, elle a en effet pour habitude de récolter des informations, dans une grande discrétion. Dans l’avant dernière case, son attitude décontractée ( mains croisées et tête reposée dessus), lui permet de traduire sa question professionnelle en une question de simple curiosité pour son interlocuteur. Cette case permet d’introduire la dernière qui est très importante pour analyser le travail d’un espion : en effet Lady S. a réussi à faire parler l’homme en face, qui a désormais une entière confiance en elle pour livrer les informations qu’il connaît. Et face aux informations très importantes qu’il révèle, le gros plan final, dont la bulle de parole est seulement une ponctuation en gras, permet de traduire les pensées de l'héroïne qui tend à rester neutre sur son expression faciale, à l’écoute de l’histoire. Ici la BD, par le dessin et la ponctuation presque onomatopée, permet de traduire un état d’esprit simplement par le visuel. La BD permet encore une fois de mettre en lumière un travail de l’ombre. L’analyse des plans, des silences, des bulles, révèlent la complexité du travail d’espion qui doit jouer sur son attitude physique, ses expressions orales et faciales.

 

14 mai 2021

Bouche du diable : Quand la bande dessinée relate un cheminement idéologique

Bouche du diable est une bande dessinée scénarisée par Jerome Charyn, dessinée et mise en couleurs par François Boucq et publiée en janvier 1990. Cette bande dessinée étasunienne est donc parue en toute fin de Guerre Froide. L'œuvre raconte l'histoire de Youri, orphelin en URSS, de son enfance à sa mort. En raison d'un bec-de-lièvre, Youri est surnommé « Bouche du diable ». En pleine guerre froide, Youri devra se former à la culture occidentale, apprendra la langue anglaise, se construire un passé totalement inventé. Après des années de formation intense, une opération réussie de chirurgie esthétique pour corriger son bec de lièvre, Youri est prêt à devenir Billy Budd, citoyen américain. Il est alors envoyé à New York. Doué en télépathie, il devient ensuite espion de haut niveau pour le compte du KGB et opère aux États-Unis. À mesure que progresse la narration, Youri prend conscience des crimes perpétrés par le KGB et se retourne contre son employeur. Si cette bande dessinée ne sert pas d’outil de propagande américaine, il est à noter que le personnage, pourtant soviétique, finira par servir l'Amérique et se retourner contre son propre pays. Cette bande dessinée psychologique met en avant la complexité des personnages, bien plus que les idéologies prédominantes des deux blocs. Le style de dessin bien particulier témoigne de la thématique centrale de cette bande dessinée : le questionnement de l’identité des personnages. Le chaos des paysages, l’univers coloré pastel, le désarroi des personnages sont mis en valeur par le trait de crayon mouvant mais très précis de l’artiste. Ici le visuel sert le contexte de l’histoire, le dessin révèle la complexité d’un cheminement idéologique pour le personnage central. Les doutes récurrents du personnage montrent les limites de la dualité du monde.

 

bouche du diable cover

 

 

 

14 mai 2021

Les espions en BD : une illustration de la bipolarité du monde pendant la Guerre Froide ?

La bande dessinée s’est accaparée le sujet de l’espionnage en temps de Guerre Froide. Le contexte de la bipolarité du monde est souvent repris est scénarisé, de manière à mettre en avant des héros américains ou soviétiques. Une direction idéologique n’est pas récurrente, des héros russes autant que des héros américains sont inventés, ce qui rend la littérature de la période très diverse.
 
Choix du corpus :
Bouche du diable : L’idée est d’étudier une BD publiée dans les dernières années du conflit, qui témoigne bien plus de l’impact des idéologies sur la psychologie des personnages que la division du monde en deux blocs adverses.
Lady S. : Le choix d’un BD plus moderne, dont le personnage est une femme et où la Guerre Froide sert seulement de contexte de décor permet d’analyser le métier d’espion en tant que tel bien plus en profondeur.
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