La BD comme outil de propagande idéologique pendant la Guerre Froide
Loin de l’espionnage, la bande dessinée dans la Guerre Froide a également permis d'illustrer l’idéologie du bloc concerné, et de la rendre accessible à un large public : sensibilisation par la propagande dès l’enfance. Is this tomorrow : America under communism est la première bande dessinée à but de propagande anti-communiste, publiée en 1947. C’est une contre utopie montrant ce que seraient les Etats-Unis si le communisme s’emparait du pays. La majorité des numéros étaient distribués à la sortie des écoles et des usines, dans le but de toucher les masses. Une propagande peu camouflée est présente dès le début de l’ouvrage par un texte expliquant la dangerosité du communisme. Toutefois, cette bande dessinée, par son histoire, sert de propagande camouflée et indirecte. Toutefois, l’aspect très visuel, accessible, coloré, caricaturé de la bande dessinée, permet d’inclure dans les planches, des éléments de propagande direct, dans le but de contrôler les esprits. Le récit en tant que tel sert de propagande par l'héroïsation des Etats-Unis et la diabolisation de l’ennemi, dans une histoire apocalyptique. Après la Seconde Guerre Mondiale, une crise agricole provoque une famine et fait tomber des milliers d’agriculteurs dans la misère. Affaiblis, les Etats-Unis deviennent la cible du kremlin qui souhaite infiltrer les postes de contrôle du pays : médias, monde ouvrier, armée, endoctrinement des plus jeunes, meurtre des Hommes politiques...C’est le chaos qui est mis en avant pour dénoncer la brutalité du régime communiste.
La première planche de la BD est composée d’une case unique. Elle prend toute la largeur de la page et révèle l’importance de planter le décor. L’utilisation d’un plan général permet de poser le décor, commencer l’histoire, présenter les personnages et introduire l’action. La cartouche en bas à gauche introduit les éléments dramaturgiques du récit : utilisation 3 fois des points de suspension pour montrer l’ampleur du chaos qui s’installe. On remarque également que même si ce sont les drapeaux soviétiques qui flottent sur le capitole de Washington, le seul drapeau arboré avec fierté est le drapeau américain, plus en avant dans le plan, pour lequel le peuple peut “tomber”. On assiste à une héroïsation d’une résistance américaine contre le communisme. Enfin, le contre plongée induit que le lecteur est aussi en bas des marches (donc au niveau des américains qui se font chasser du capitole), ils sentent donc l’oppression des armes et des communistes s'emparant du pouvoir.